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COMME C’EST GRATUIT, ON DOIT ACCEPTER !


Bonjours à moi,

Je me présente je m’appelle Youcef Achira Abdelhakim, j’ai 23 ans, ça fait trois ans que j’ai eu mon bac. Non mais vrai le bac, la muraille de chine, le plus grand obstacle de la vie de chaque étudiant. Mon rêve était de rejoindre l’université et exactement le département du français. C’est pour ça j’ai choisi de parler aujourd’hui de la vie estudiantine et plus précisément de mon tout premier jour à l’université … je me souviens très bien.

Je me suis réveillé à six-heure du matin, J’ai pris une douche, J’ai bu mon café et je suis allé à la gare du train. Oui le train. On dirait que j’habite à Tamanrasset. Tout le monde partout dans la wilaya de Chlef a un bus universitaire. Sauf nous, les habitants d’OUED FODDA, on vient par train. D’ailleurs, c’est quoi un train universitaire ? C’est un train comme tous les autres, sauf, qu’il est vide à l’intérieur il n’y a pas de chaises ni des poignées pour assurer au moins notre sécurité. MAIS COMME C’EST GRATUIT, ON DOIT ACCEPTER ! Au-dessus des portes il y’a une notification « attention fermeture automatique des portes » mais ces hayons-là ne fonctionnent plus. La partie droite est attachée avec sa frangine gauche par un fil métallique. C’était la haute technicité algérienne. En fait ce n’est pas vraiment un train. C’est un grand tuyau avec des roues. Ce ne sont même pas des roues mais des vielles boîtes du tabac « Cheema ». MAIS COMME C’EST GRATUIT, ON DOIT ACCEPTER! Après une vingtaine de minutes je me suis trouvé à la gare de l’ASNAM. Là où on fait la correspondance. Les bus universitaires étaient en train de nous attendre. Le premier contacte s’est fait Là. La dure réalité était devant moi et j’ai entendu « court … court … court ». Je me suis mis à courir et suis monté dans le bus, je me souviens même de son numéro ‘’c’était le 23’’. J’haletais comme un chien MAIS COMME C’EST GRATUIT, ON DOIT ACCEPTER !

« Bon dieu, ce n’est pas un bus celui-là c’est une marmite de pop-corn » disais-je. J'avais un peu de la chance, j’ai pu avoir une place. C’est un ami qui me l'a cédé car mon visage lui a indiqué que je ne suis pas dans ma joie habituelle. J’ÉTAIS ENCORE SOUS LE CHOQUE. J’ai profité de ma place pour m'éclipser de ce monde que je n’arrivais pas à comprendre et j’ai fait sortir un livre de mon sac et j’ai commencé à lire. Et soudain, ne voilà-t-il pas, tout le monde me regardait  d’une façon un peu louche. Il y avait deux filles qui étaient assises à ma droite, l'une disait à l’autre « regarde, regarde, il joue l’intellect devant nous ». L’autre lui a dit de son tour « oui je vois, et il lit en français en plus ». J’étais en train de me calmer quand un autre étudiant, qui s'appelle Bilal, a dit « on a eu l'indépendance pour voir telle tête lire en français » et il a commencé à m'insulter « les harkis » « les enfants de La France ». Il m'a traité de tous les noms. MAIS COMME C’EST GRATUIT, ON DOIT ACCEPTER !

Après à peu près une demi-heure, le bus s’est arrêté. Je suis descendu et me suis trouvé devant un grand portail qu’une fois j’ai franchi, une charge d’étonnement m’est arrivée. « Ô il n’y a rien, je me suis trompé de place ou quoi ? » m’interroge je. C'était un grand désert que je n’ai jamais vu de toute ma vie. Il y avait des chiens complétement dégoûtés. D’ailleurs, c'étaient les premiers qui m’ont dit « bienvenue à l’université », « On espère qu’on va passer une année formidable ensemble ». Après une longue discussion très soutenue avec eux « oui » ça fait des années qu’ils sont là, ils ont un niveau supérieur que le mien « bac+10 », j’ai vu de loin un bus « Ô non, surtout pas toi » disait je. Le premier était une marmite de pop-corn le deuxième c’était une boîte de sardines où le déodorant de cent dinars fut le sponsor officiel des voyages MAIS COMME C’EST GRATUIT, ON DOIT ACCEPTER ! heureusement ça n’a pas duré longtemps cette fois-ci et en fin, je me suis trouvé au département de français. Je bougeais de gauche à droite en cherchant l'emploi du temps et les listes des groupes. La première liste, rien. La deuxième, pareille. La troisième … J’ai continué à chercher mon nom jusqu’à la dixième liste … Yousfi … Younsi … et voilà « Youcef Achira Abdelhakim », je l’ai identifié par sa longueur. C’est vrai. Ce n’est pas un nom que j’ai, c’est une autoroute. Dans la feuille d’examen, je ne trouve même si d’espace pour le mentionner entièrement. J’écris souvent «Youcef Achira AEH»

Avant de rejoindre l’université j’ai entendu beaucoup parler de son système, qu’il y’a tant de vide et qu’il y a aussi au maximum cinq séances obligatoires par semaine sous forme de TD (travaux dirigés) et tout le reste s’agit de cours non obligatoires, mais ça n’a pas été le cas pour moi. Et oui, le département de français est le seul au monde où tous les module sont sous forme de TD. En fait, la faculté, pour moi et pour tous qui font langues étrangères, est synonyme d’un grand lycée.

MAIS COMME C’EST GRATUIT, ON DOIT ACCEPTER !

En entrant à la salle, la première chose qui a hameçonné mon regard était que tout le monde a évité de s’asseoir dans les premières tables « on dirait que ce sont des tables diaboliques » J’ai décidé de jouer l’idiot comme d’habitude et me suis installé dans la toute première. Tout le monde m’a regardé méchamment « bah oui » car pour eux ; j’ai foutu une loi, dans une société où la négativité est une tradition et une culture. Ouais. On ne peut pas être différent d’autrui. C’est pêché « C’est pas bien ! ». MAIS COMME C’EST GRATUIT, ON DOIT ACCEPTER ! Après un petit moment d’adaptation avec la chaise, l’enseignant nous a posé une question. Et de mon tour, je lui ai répondu spontanément. Et du coup j’ai réalisé que je suis dans « la blacklist » la liste noire des criminels. Chez nous, tu as le droit à tout, sauf la réussite « tu n’as pas le droit frère ».

Après ce TD-là, j’avais un cours chez monsieur « !? » ce n’est pas la peine de citer son nom. Peut-être dans les salles TD, il y avait des tables diaboliques mais là, c’est tout un amphithéâtre qui est habité par le diable. Mais ça je peux comprendre car l’enseignant était malin, il a trouvé une très bonne solution pour diminuer le nombre des étudiants présents et il n’a pas utilisé le microphone. D’ailleurs chez cet enseignant, même avec le microphone je ne comprenais rien « même avec la technique bouche à oreille je ne le comprenais pas, il ne prononce pas toutes les lettres, comment voulez-vous que je comprenne ? »

MAIS COMME C’EST GRATUIT, ON DOIT ACCEPTER !

Écrit par : adel hakim


Université Hassiba Benbouali de CHLEF, Faculté des langues étrangères