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Tendres histoires et apprentissage de la langue


Tendres histoires et apprentissage de la langue

« Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé », dit la toute première phrase du Coran, le livre sacré des Musulmans. Une sentence que j’ai apprise en la répétant comme un perroquet à l’école primaire et que je récitais souvent dans mes toutes premières prières. C’était tout à fait normal car je ne connaissais pas beaucoup d’autres versets. C’est une phrase impérative qui m’a souvent paru souvent étrange et quelque peu mystérieuse. Elle me poussait souvent à méditer et à me poser d’autres questions dont la plus importante est la suivante : « Que dois lire en fait ?» Cette question, je l’ai posée la première fois, à l’Université, quand mon enseignant de littérature nous avait dits ceci : « Vous devez lire si vous voulez réussir vos études ». Il s’est tu un moment puis a ajouté : « Vous devez lire non seulement pour réussir vos études ou votre cursus universitaire mais aussi pour réussir votre vie ». Pour ma question, j’ai reçu beaucoup de réponses qui sont à la fois acceptables, vu qu’il n’y a pas eu de réactions préalables, et contradictoires dans le même temps. C’est là où j’ai compris qu’il ne s’agit pas de se lancer dans une explication scientifique et que la réponse est en moi. Oui. La réponse dépend de moi et de mes besoins. Je lis ce qui m’enrichit en matière de langue, de littérature, de pensée et de vie. Beaucoup de copains et collègues m’ont suggéré les romans de Guillaume Musso et de Yasmina Khadra. On m’avait dit que ce sont deux romanciers qui font actuellement le buzz en matière de littérature francophone. Cette information m’a été confirmée quand j’ai par hasard découvert une émission qui s’intitule « La Grande Librairie » et qui est diffusée sur la chaîne de télévision « France 5 » et où l’animateur parler des romans francophones les plus vendus et les plus traduits dans le monde. Il a effectivement cité le nom des deux écrivains. Donc, le lendemain, j’ai décidé d’aller acheter des Musso et des Khadra. En librairie, l’information donnée par l’animateur de « La Grande Librairie » m’a été confirmée car je n’en ai trouvé que deux titres et je crois qu’ils étaient les derniers. Le premier, c’était l’un des plus célèbres romans de l’écrivain Algérien, il est intitulé : « Ce que le jour doit à la nuit ». Le second aune couverture « à l’américaine », il est signé Musso. J’étais hameçonné non seulement par la couverture mais aussi par le titre : «7 ans après … ». En sortant de la libraire, je me suis dit que j’avais de la chance et j’étais même content d’acheter ces deux ouvrages car je me suis dit que j’allais passer un bon moment. J’ai pris le bus pour retourner chez moi. J’en ai profité pour consulter mes achats. J’ai d’abord sorti le Musso et j’ai commencé à lire. La couverture m’a hameçonné une nouvelle fois. Au bout de quinze minutes, j’ai réalisé que j’avais lu plus d’une soixantaine de pages. Cela m’a plu et m’a étonné en même temps, car lire vite n’était pas dans mes habitudes. C’était à cause de la langue facile utilisée par l’écrivain français. Quand je suis entré à la maison, j’ai oublié tout ce que j’ai lu. Là, j’ai réalisé que le roman ne m’a pas marqué, qu’il n’a rien laissé en moi. Bien-sûr, il s’agit d’une histoire d’amour, chose qui n’ajoute rien et qui ne sert à rien dans la vie. Sinon, à quoi ça sert de lire la joie et la déception sentimentale d’autrui ? En tous cas, les histoires tendres n’étaient pas mon truc. En plus, la langue utilisée était très basique comme je l’ai mentionné. Donc, même mon vocabulaire ne s’est pas enrichi à la lecture de ce roman. Après presque une semaine, j’ai décidé de franchir le cap : lire le deuxième roman, celui de Khadra, et vu que j’aime tout ce qui est algérien, j’avais convenu d’emblée qu’il me plairait. En un mot, c’était aussi une de ces histoires « tendres », empreintes de douceur. Mais cette fois-ci, la lecture ne m’a pas beaucoup ennuyé car l’histoire était imbriquée avec des faits historiques réels qui se sont déroulées durant la période coloniale. Et ce n’est pas parce que je suis chauvin que ce roman « rose » m’a plu : c’est parce que j’ai senti que j’ai appris quelque chose qui me concerne. J’étais également interpellé par la langue soutenue de l’écrivain qui porte le prénom de sa femme. « On dirait une langue biblique », disait une journaliste française lorsqu’elle interviewa l’écrivain algérien. Cette expression est très significative et représente vraiment la perfection dans le choix des mots. Moi, par exemple, à la lecture de la première page de « Ce que le jour doit à la nuit », j’étais obligé de consulter le dictionnaire huit fois, si ce n’est davantage, pour comprendre le sens et la signification de certains termes. Consulter le dictionnaire à huit reprises est synonyme de huit nouveaux mots ajoutés à mon dictionnaire personnel. Certes, Yasmina Khadra raconte dans ce roman une banale histoire d’amour, genre qui n’est pas vraiment ma tasse de thé, mais le fait de la «mixer » avec des faits historique réels et écrire le tout dans une langue très soutenue a enrichi et ma culture générale et mon vocabulaire

Écrit par : Adel Hakim


Université Hassiba Benbouali de CHLEF, Faculté des langues étrangères